Pré-rentrée 2023

Présentation de la rentrée 2023

 

La pré-rentrée marque le début d’une nouvelle aventure éducative pour notre communauté !

Ensemble, nous sommes prêts à inspirer, apprendre et grandir au cours de cette nouvelle année scolaire.

Que les découvertes et les défis et les moments d’apprentissage enrichissants nous guident vers le succès.

 

 

Ouvrons ensemble la fenêtre de l’espérance ici et maintenant !

 

 

Lorsque nous entendons le mot d’espérance, combien parmi nous ne le confondent-ils pas avec l’espoir ou le rêve ? Avec l’un de ces mots chargés des illusoires désirs humains qui témoignent d’une irrationnelle attente d’un avenir meilleur ? Après la pluie, le beau temps titrait un roman de la Comtesse de Ségur que les plus âgés parmi nous ont peut-être lu. Les adages ou formules proverbiales qui remettent toujours au lendemain l’amélioration de la situation ne cessent de nous promettre que oui, demain sera meilleur ; que oui, bientôt tout ira bien ; ou, pire, lorsqu’alors que nous touchons le fond quelqu’un croit nous encourager d’un « ne perdons pas l’espoir !« . Espoir, espérance, rêve : même combat. Un conte pour enfants.

Quelques-uns parmi nous se souviennent peut-être que l’espérance est une vertu théologale, la seconde : elle vient après la foi, et avant la charité. Dans la définition qu’il en propose dans cette perspective religieuse, un dictionnaire y voit une « vertu surnaturelle par laquelle les croyants attendent de Dieu, avec confiance, sa grâce en ce monde et la gloire éternelle dans l’autre ». Une fois encore, l’espérance fait signe vers un ailleurs et un demain. Elle ouvre sur un « pas encore » qui ne peut que nous laisser insatisfaits et démunis au milieu d’une société tournée vers un avenir qui ne s’annonce plus comme radieux. Sous cet angle, elle s’apparente à une sorte d’opium du peuple pour qui ne croit pas, ou croit autre chose ou autrement tant elle renvoie à la fin des temps et à la doctrine des choses dernières. En bref, à une utopie tant elle concerne un hypothétique futur.

Faut-il alors abandonner l’espérance dans nos vies, voire y renoncer comme aux vestiges d’une foi qui manquait de maturité et de bon sens ? Ou bien pouvons-nous l’expérimenter au cœur de nos existences à la condition de la rechercher au bon endroit et surtout autrement ?

Un grand théologien allemand Jürgen Moltmann rappelle que l’espérance ne s’oppose pas à la réalité et encore moins au présent. Bien au contraire, elle est un « oui au présent ». Par elle, quoi que nous vivions, nous échappons à la tentation de l’absurde, car l’espérance est une manière de s’orienter dans le monde, à travers les difficultés inévitables de l’existence : en effet, ne l’oublions jamais, avant que de ressusciter Jésus est mort cloué à une croix. Pourquoi éviterions-nous des maux que Jésus lui-même a dû affronter ?! L’espérance, c’est la certitude qu’aucun de nous ne possède le fin mot de l’histoire – de la sienne et de celle des autres, de celle avec un petit h et de celle avec sa grande H comme ironisait Georges Perec. Elle est la marque de l’infini dans le fini, de l’absolu dans le relatif, de la transcendance dans l’immanence. Par elle, nous découvrons la force de rester connectés à ce que nous expérimentons à chaque instant dans la mesure où elle nous invite à redécouvrir dans chacun d’eux l’essentiel. Saint Paul dans l’épître aux Romains en donne l’étonnante raison :

Bien plus, nous nous glorifions même des afflictions, sachant que l’affliction produit la persévérance, 4 la persévérance la victoire dans l’épreuve, et cette victoire l’espérance. 5 Or, l’espérance ne trompe point, parce que l’amour de Dieu est répandu dans nos cœurs par le Saint Esprit qui nous a été donné.

L’espérance résulte de la capacité qu’à chaque instant nous avons à surmonter nos épreuves, et de les endurer jour après jour dans l’ici et maintenant. Ce courage qui telle une boule-de-neige grossit au fur et à mesure du mouvement, c’est l’espérance. Elle ne provient pas d’un regard porté sur un avenir, mais procède de l’ensemble des expériences vécues. Elle ne nous assure pas que nous serons toujours vainqueurs, mais nous anime de la confiance que nous n’avons pas été toujours vaincus par l’adversité.

Aujourd’hui, nous nous proposons de vivre, une année, scolaire marquée par l’espérance du moment présent, par l’espérance qui est comme une fenêtre ouverte sur la réalité, non pour nous en échapper, mais pour en accepter l’inépuisable richesse de sens afin d’en renouveler nos existences, nos pensées et nos pratiques. Tout comme la fenêtre qui laisse entrer la lumière de l’extérieur et ainsi nous ouvre sur le monde, mais permet aussi de projeter la lumière émanant de nos intérieurs vers le dehors, et ce, faisant signale notre présence à autrui, de même l’espérance nous permet de recevoir la grâce d’une vie comprise en Dieu et de la rayonner vers les autres. Pour ceux qui ne croient pas en Dieu, adressons les mots de l’ancien président de la République Tchèque Vaclav Havel qui, confronté aux drames de l’histoire, a pu écrire :

J’avais voulu faire avancer l’histoire de la même manière qu’un enfant tire sur une plante pour la faire pousser plus vite. Je crois qu’il faut apprendre à attendre comme on apprend à créer. Il suffit de comprendre que notre attente n’est pas dénuée de sens, parce que générée par l’espoir et non par le désespoir, par la foi et non par la désespérance, par l’humilité devant le temps de ce monde et non par la crainte.

Texte de Sara Hernandez

Adjointe en pastorale